21 Mar 2019 / Publications
La Centrale Générale s’engage aux côtés des travailleurs congolais

La République Démocratique du Congo demeure un pays confronté à des enjeux socio-économiques et démocratiques colossaux. Malgré un potentiel énorme en matière de ressources naturelles et hydro-électriques, depuis des années, le constat demeure inchangé. Malgré un bond de 10 points dans le classement 2015 de l’indice du développement humain publié par le PNUD, la situation socio-économique de la RDC demeure préoccupante.
Retour sur les enjeux contextuels
L’accès aux besoins de base reste le principal frein pour sortir la population de sa stratégie de survie. L’accès à la santé, l’éducation, l’eau potable, l’énergie, la justice, au travail reste l’apanage d’une minorité.
De la même manière, en dépit d’un taux de croissance de 6.6%, en recul mais supérieur à la moyenne africaine de 5.5%, l’extrême pauvreté et le chômage continuent de toucher toutes les couches de la population. Alors que la RDC est le 1er producteur mondial de cobalt et dans le peloton de tête en ce qui concerne les productions de diamants et de cuivre, la population ne bénéficie aucunement des maigres (compte tenu du potentiel) ressources que cela rapporte à l’Etat. Il en va de même de l’accès à l’électricité qui est trop sporadique malgré un potentiel élevé en ressources hydro-électriques. Malheureusement, depuis des années, le constat demeure inchangé. La corruption et le pillage systématique des ressources naturelles privent la population de RDC des besoins de base.
Depuis le lancement officiel du processus électoral en 2015, on constate une régression constante de l’espace démocratique qui se caractérise par une hausse des cas de violations des droits politiques et des libertés publiques commises par les agents de l’Etat, avec notamment des répressions violentes de manifestations populaires, des arrestations arbitraires de militants et de journalistes ainsi que la coupure des signaux de certains médias (RFI, radio Okapi). Le dialogue qui s’est tenu sous l’égide de l’Union africaine de septembre à octobre 2016 est passé complètement à côté de ses objectifs. Le flou et les incertitudes sont toujours bien présents quant à la tenue de toutes les élections et quant aux intentions réelles du président Kabila qui ne peut pas se représenter pour un troisième mandat. Par ailleurs, ce dialogue n’a pas réussi à être inclusif. Non seulement une frange significative de l’opposition a boycotté le processus estimant que les conditions nécessaire à un climat de confiance n’étaient pas réunies mais aussi les représentants de l’église catholique se sont retirés du processus suite aux répressions meurtrières qui ont éclatées lors de la manifestation du 19 septembre 2016. Au final, cette opposition et la majorité présidentielle ont signé un accord le 31 décembre 2016 sous l’égide de la CENCO. A l’heure actuelle, cet accord demeure la référence mais n’a pour le moment abouti à aucune concrétisation.
Un dialogue social inefficace
Malgré la sensibilisation aux conventions de l’OIT relatives à la liberté syndicale, l’exercice syndical n’est toujours pas aisé en RDC. Il se traduit notamment par l’arrestation de nombreux militants et la prolifération syndicale. On compte plus de 450 syndicats dont bon nombre sont des syndicats patronaux. Cette dispersion enlève toute crédibilité à leur combat et à leur possibilité de mener un dialogue social constructif axé sur la défense des travailleurs et la promotion de services publics de qualité. À côté de cela, les institutions sont des coquilles vides et les rares organes qui se réunissent tels que le conseil national du travail ne résolvent en rien les énormes défis soulevés par le monde du travail.
Notre approche syndicale : l’éducation !
Le projet a pour ambition de renforcer les capacités et les structures éducatives des 3 syndicats affiliés à la CDT (confédération démocratique du travail) et à l’UNTC (l’union nationale des travailleurs du Congo) actifs dans les secteurs des mines et de l’énergie. Il s’agit de construire, depuis la base, une réelle force de contre-pouvoir qui soit représentative et légitime dans ces deux secteurs stratégiques tant pour le développement de la RDC mais également au niveau régional, continental et international. Les enjeux étant colossaux, le projet se focalisera dans un premier temps aux exploitations minières industrielles localisées dans 3 provinces (Haut Uele, Haut Katanga et Lualaba). Cela devrait dans le même temps permettre de mieux cerner les réalités qui sévissent dans les exploitations minières informelles qui pullulent partout sur le territoire. Le Bas Congo, dans lequel est situé le barrage d’Inga, et Kinshasa, où sont implantés tous les ministères, seront également ciblés dans le cadre de ce projet en synergie avec le projet en place avec la CGSP.
Une stratégie au service de la démocratie participative
La stratégie privilégiée pour atteindre nos objectifs repose sur la méthodologie des cercles d’étude. Le cercle d’étude est une méthode éducative informelle d’adultes. Organisé essentiellement sous la forme de séances de lecture et de discussions en groupe, il constitue une méthode d’échange d’informations entre les participants et participantes. Ceux-ci ou celles-ci procèdent collectivement à un échange d’expériences, abordent démocratiquement les questions d’intérêt commun et examinent les différentes manières possibles d’obtenir des solutions. Le cercle d’étude peut être organisé en n’importe quel lieu, notamment sur le lieu de travail, dans les bureaux des syndicats, les centres communautaires, les cours des maisons, sous les arbres, ou en tout autre endroit convenant tant aux participants qu’aux animateurs du cercle d’étude. De cette manière, cette méthode d’éducation permanente est réellement peu coûteuse et adaptée à un environnement de pauvreté. Un cercle d’étude typique est composé de huit à quinze adultes, qui se réunissent à titre volontaire en vue d’échanger collectivement des informations et des expériences sur des questions ou problèmes d’intérêt commun. Les séances des cercles d’étude sont menées sur la base d’une approche participative et démocratique. La méthodologie du cercle d’étude inclut l’identification, l’analyse et la résolution des problèmes, orientée sur l’action. Cette approche assure un lien étroit entre le processus d’apprentissage et les souhaits exprimés par les participants.